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Saint Trivier



Dernière mise à jour
le 17/02/2022

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Vitrail
(église de Neuville-les-Dames)
Baie numéro 13
Fête 16 janvier, fête locale
Mortvers l’an 550
Saints contemporains
NomNaissanceMortFonction
saint Areyvers l’an 535vers l’an 604évêque de Gap
saint Benoît, Benoît de Nursievers l’an 48021/03/547
saint Césaire d’Arlesvers l’an 470542évêque d’Arles
père de l’Église
sainte Clotilde545
saint Grégoire de Toursvers l’an 539595évêque de Tours
saint Grégoire le Grandvers l’an 540604pape (65e)
docteur de l’Église
saint Médard de Noyonvers l’an 456560évêque de Noyon
saint Namat486559évêque de Vienne
saint Nizier513573évêque de Lyon
sainte Radegonde518587
sainte Scholastiquevers l’an 480543
saint Triviervers l’an 550
Hommes contemporains
NomNaissanceMortFonction
Childebert I vers l’an 497 23/10/558 roi de Paris
roi d’Orléans
Clotaire I vers l’an 498 561 roi des Francs

Liste des chapitres

Origine

Saint Trivier naquit en Neustrie, sur le territoire des Cadurces, aujourd’hui le Quercy. Son goût pour la solitude et la vie contemplative lui fit chercher un asile au sein d’un monastère, situé dans un des faubourgs de Térouane ; il y fut accueilli aux vives sollicitations de tous les moines, dont les prières réunies obtinrent le suffrage de l’abbé. Ce fut-là, qu’après les témoignages non équivoques d’une grande piété et d’une obéissance éprouvée, il fut, à l’âge de quarante ans, élevé à la dignité de clerc et compté au nombre des cénobites.

Contexte historique

A cette époque, la puissance romaine commençait à décliner dans les Gaules ; secouant le joug de la république, les rois francs et gaulois jouissaient du pouvoir souverain et gouvernaient en leur nom. Théodebert, roi d’Austrasie, avait franchi les Alpes et faisait la guerre en Italie : après plusieurs alternatives de succès et de revers, il renvoie Mummol et Buccelin, ses deux généraux, et regagne l’Austrasie : ses troupes, en ravageant les terres de Bourgogne, traînaient à leur suite une foule de prisonniers. Au nombre de ces derniers se trouvaient deux jeunes nobles, Radignèse et Salsufur, enlevés dans la principauté des Dombes, sur les bords de la Saône, où ils jouissaient d’une grande fortune. Ces deux captifs furent conduits en Neustrie, dans les environs de Térouane.

Le rachat des prisonniers

L’abbé du monastère que possédait cette ville, instruit du fait et touché du sort de nos jeunes prisonniers, essaie auprès de leurs gardiens quelques tentatives de rachat ; on accepte ses propositions, et Radignèse et Salsufur lui sont remis. Saint Trivier, dont on s’était servi dans cette négociation, ayant demandé à ces jeunes gens si le souvenir de leur patrie nourrissait en eux le désir de la revoir, ces paroles furent accueillies par des larmes abondantes qui témoignaient du désir de leur cœur, et dans un élan généreux, ils promettent à notre saint le tiers de leur patrimoine pour prix d’un tel bienfait. Ravi de pouvoir achever son œuvre de charité, l’abbé consent à les renvoyer.

Le voyage de Saint Trivier

Carte de la Gaule en 511

Après trois ans d’absence, munis de vêtements et de vivres, ils reprennent, sons la conduite de saint Trivier même, le chemin de leur patrie. Le voyage fut long et difficile : arrivés près d’une vaste forêt (Memficus) qu’ils avaient à traverser, ils y errent pendant trois jours sans itinéraire et sans guide. Effrayé de cette solitude, et craignant l’attaque de quelques bêtes féroces, » Saint Trivier « implore à genoux le secours de la Providence : la Légende rapporte que sa prière était à peine achevée, qu’ils virent, à leur grande surprise, deux loups s’approcher d’eux avec toutes les marques de deux bêtes apprivoisées ; le mouvement de leur queue témoignait de leur humeur pacifique ; ils précèdent nos voyageurs qui retrouvent à la faveur de ces guides le chemin qu’ils avaient perdu, et arrivent enfin sur les terres du diocèse de Lyon, puis en Dombes, dans le bourg des deux jeunes prisonniers, qui fut appelé plus tard Saint-Trivier-sur-Moignens, du nom du saint solitaire et de celui de la petite rivière du Moignens qui arrose ce bourg, à six milles de Prissignac (aujourd’hui Saint-Didier-sur-Chalaronne).

L'installation de Saint Trivier

Rendus à leurs foyers, Radignèse et Salsufur se hâtent de remplir leur promesse ; ils déposent aux pieds de saint Trivier le tribut de leur générosité ; mais le pieux cénobite, redoutant pour lui l’attrait des richesses, ne sollicite de leur munificence qu’une petite cellule et un petit jardin : ils s’empressent de satisfaire à ses vœux en lui confiant, sur sa demande, la garde de leurs troupeaux. Cette résolution de fixer sa demeure dans une solitude et loin du monastère qui l’avait reçu, fut déterminée par les difficultés d’y retourner et par la crainte de rencontrer parmi ses frères le poids d’une dignité qui l’effrayait.

Saint Trivier installé

Livré sans réserve aux pieuses méditations des choses Célestes, la prière, le chant des hymnes et des psaumes, les jeûnes, les veilles et autres macérations, marquaient toutes les heures de son existence ; il visitait souvent les églises voisines, et particulièrement celle de Prissignac, où il allait entendre la messe les dimanches et les fêtes. Ce fut sur un autel de cette dernière qu’il déposa, quelques jours avant sa mort, le psautier dont il se servait.

La mort de Saint Trivier

Il mourut le 17 des calendes de février, vers 550. Le bruit de sa mort eut bientôt réuni toute la population des environs : on creusa sa tombe au lieu même qui lui servait d’oratoire, comme cela se pratiquait alors à l’égard des solitaires ; son corps y fut déposé sans cercueil, et on donna à ce lieu le nom de Nonnifossa. Soixante-et-dix ans avaient passé sur sa mémoire, lorsqu’enfin des signes non équivoques d’une protection toute céleste se manifestèrent sur son tombeau : des aveugles, des boiteux et autres malades y obtinrent leur guérison.

L'exhumation de Saint Trivier

Plusieurs fidèles eurent des révélations qui leur enjoignirent d’annoncer à une religieuse de grande illustration qui habitait cette contrée, de faire exhumer le corps par le clergé, pour lui donner une sépulture convenable ; mais celle-ci ne croyant voir là que de pieuses illusions, peut-être même des suggestions du malin esprit, s’y refusa à plusieurs reprises : son obstination lui attira un juste châtiment ; elle fut subitement attaquée de vertiges qui la réduisirent à un état de paralysie. A cette nouvelle, tout le clergé se rassemble ; les pauvres, les infirmes, les mendiants, les clercs et la communauté de cette religieuse, par des jeûnes et des prières, interrogent le ciel. Une seconde révélation enjoint à la servante de Dieu de faire l’exhumation du corps saint : alors elle convoque le clergé et fait pourvoir aux frais de la cérémonie. Sur ces entrefaites, la nouvelle de cette démarche se répand dans un couvent voisin, situé à trois milles de Prissignac, du nom d’Ansilla : trois clercs s’en détachent la veille de la cérémonie, et arrivent furtivement au lieu de la sépulture pour enlever le corps : à peine l’ont-ils touché que, frappés soudain de cécité, ils restent comme cloués sur place jusqu’à l’arrivée du cortège dont les prières les délivrèrent. Le corps du saint et ses vêtements furent trouvés intacts, et répandit au loin un parfum délicieux : il fut pieusement déposé dans un sépulcre, sur lequel on fit construire une petite cellule.

Le culte de Saint Trivier et les miracles

Quelque temps après, Secundinus, évêque de Lyon, y consacra en 802 un autel, et le culte de saint Trivier fut bientôt accrédité par de nouveaux miracles. On rapporte le suivant : Vigafrède, noble gaulois, vivait à Lyon avec Marcelle, son épouse ; leur fille, nommée Gallinia, avait contracté dès sa naissance de graves infirmités qui lui paralysaient tous les membres : elle fut portée au tombeau du saint, et à peine l’eut-elle touché, qu’elle court à ses parents parfaitement guérie, au milieu des acclamations de tout le peuple qui célébrait à l’envi les miséricordes du Seigneur si visiblement manifestées. Dès-lors cet endroit prit le nom de Saint-Trivier, qui devint le patron secondaire.

Les reliques de Saint Trivier et Neuville les Dames

Bien longtemps après ces événements, les reliques du saint solitaire furent transportées dans un monastère dit de Saint-Pierre, bâti sur le chemin de Saint-Trivier à Chaleins, duquel on découvrait encore des ruines il y a quelques années ; elles allèrent de là enrichir le chapitre de Neuville-les-Dames, où elles périrent dans un incendie qui détruisit cette maison.

La persistance du culte

Mais le lieu où elles avaient été déposées par l’archevêque Secundinus, fut constamment fréquenté par les fidèles qui s’y rendaient en dévotion de toutes les parties des Dombes, dont les peuples le reconnaissaient pour leur patron et leur protecteur, comme on le lisait sur un tableau placé sur l’autel de sa chapelle. La révolution de 1792, qui voulut abolir tout culte en France, ne put détruire celui qu’on rendait à saint Trivier, dont la chapelle fut constamment visitée, quoiqu’elle eût été vendue et consacrée à un usage profane

L'auteur de Histoire hagiologique de Belley dit qu'en 1854 « le concours est si grand à Saint-Trivîer le 16 janvier, jour de sa fête, que pour satisfaire la dévotion de tous les fidèles, on est obligé de faire célébrer plusieurs messes dans l’église paroissiale. La chapelle, bâtie sur son tombeau, fut rendue au culte un instant après la révolution par M. Cointy, maire de la ville de Saint-Trivier ; mais la cession n’ayant été faite que verbalement, ses héritiers l’ont reprise » Il dit : « il faut espérer que les vœux des habitants des Dombes seront exaucés, et qu’elle sera de nouveau consacrée à sa première destination.. Qu'en est-il de cette chapelle aujourd'hui? Après le concordat de 1802, Son éminence monseigneur le cardinal Fesch, archevêque de Lyon, érigea la paroisse de Saint-Trivier en cure de seconde classe, et voulut qu’elle fût sous le patronage de ce saint et de saint Denis, dont les fêtes se célébraient en 1854 avec la même pompe dans l’église paroissiale.

SourcesHistoire hagiologique de Belley :
  • Bollandistes
  • de la Vie de saint Trivier, par Pierre Bullioud
  • d’une autre Vie du même saint, par Jacques Moiron