L'église Saint-Martin de Villette-sur-Ain |
Dernière mise à jour le 17/02/2022 Plan du site Menu en haut d’écran Aide |
L’existence du prieuré de Villette, dépendant de l’abbaye de Nantua donc de celle de Cluny, est mentionnée dans les archives depuis l’an mil. Ce prieuré aurait été dédié à Sainte Marie. Pour Jean-Paul Lemonde, la fondation de l’édifice, dédié à saint Martin date de la seconde moitié du XIIe siècle.
L’église est construite sur une ligne de source. Surplombant la rivière, elle est à l’abri des inondations. La complémentarité des terroirs permettait aux habitants de disposer de pâturages dans les brotteaux, de cultiver la vigne et des arbres fruitiers sur les pentes. Des bois et labours couvraient les terres lourdes du plateau dombiste.
Les fouilles archéologiques effectuées en 1995 ont démontré l'origine antique du site. Des céramiques et des monnaies gauloises, romaines et médiévales furent découvertes. Y avait-il un édifice romain d'où serait issue la colonne monumentale cannelée et tronquée réintégrée dans l'édifice roman ? L'abside polygonale gothique actuelle a agrandi l'ancienne abside romane datée du XIe siècle. L'agrandissement de style gothique est limité par l'exiguïté topographique du site dû à la présence du coteau, source de la fragilité de l'édifice. Cette fragilité fut déplorée au XIXe siècle, au moment de la construction de la route impériale (R.N. 84). La municipalité de Villette attribua alors aux services de l'État les fissures apparues dans l'édifice (la Municipalité perdit le procès).
Au cours de la période révolutionnaire le clocher fut mis à mal par le célèbre Albitte. Entre janvier et mars 1794, ce « tigre de l’Ain » détruisit plus de 800 clochers dans le Département. Mille-cinq cent cloches, dont celle de Villette, furent fondues dans les fonderies de Pont-de-Vaux pour être transformées en canons.
Au XIXe siècle, la Commune attint son maximum démographique avec 850 habitants qui, pour la plupart, fréquentaient l’église devenue trop petite. Heureusement, contrairement à d’autres communes voisines plus riches, il ne fut pas décidé de raser l’église pour en construire une plus grande. Les bâtiments du prieuré, situés au sud de l’église et déclarés « biens nationaux », permirent d’agrandir l’église en construisant une nouvelle travée consolidant l’ancien édifice.
Un complément historique en bas de page donne des informations sur les personnages historiques cités et sur des lieux.
Façade nord. | Clocher. | Chœur. |
Les colonnes du porche s'appuyent sur des réhausses. La porte fut rallongée vers le bas par un panneau ajouté récemment. Une partie des fondations de la façade nord est visible. Un enduit existe en partie basse. Ces divers éléments montrent qu'un décaissement a été réalisé et que le niveau du sol est aujourd'hui plus bas que ce qu'il était lors de la construction de l'église.
Jean-Paul Lemonde remarque : « Le Seuil se situerait à 2,30 m du mur occidental de la nef. Cette position s’accorde parfaitement avec la configuration primitive de l’entrée d’église. En effet, la conformation des vantaux du portail montre qu’à l’origine, l’entrée se situait 60 ou 70 cm au-dessus du sol de la nef. Le portail était donc suivi d’un palier et d’une volée de marches ce qui donne une certaine cohérence à la position vraisemblable du Seuil ».
La Vierge. |
Vue de l'entrée. | En avançant. |
L'adoration du Saint Sacrement peinte sur l'arc triomphal à l'entrée du chœur date de 1878. | Les tables de la loi sont visibles au-dessus de l'abside. |
(1) | Base de l’ancien chevet roman. | |
(2) | Chevet plan de facture cistercienne datant du XIIIe siècle. | |
(3) | Chœur construit aux XVe XVIe siècle (Voir les photos). | |
(4) | Habillage du mur nord du chœur (Voir les photos). | |
(5) | Habillage du mur sud du chœur (Voir les photos). | |
(6) | Chapelle dédiée à sainte Catherine (Voir les photos). | |
(7) | Chapelle dédiée à saint Antoine (Voir les photos). | |
(8) | Chapelle Notre-Dame-de-la-Pitié (Voir les photos). | |
(9) | Sacristie (Voir les photos). | |
(10) | Nef latérale sud (Voir les photos). |
La base de l’ancien chevet roman (1) a été identifiée. Il aurait été transformé dès le XIIIe siècle en un chevet plan (2) de facture cistercienne comme celui de l'église de Crans.
le chevet actuel, de style gothique, date de la fin du Moyen-Âge. Cette extension de l’église vers l’est est sans doute limitée du fait de l’instabilité du terrain qui a été aggravée plusieurs siècles plus tard par la construction de la Route impériale, l’actuelle « Grande rue ».
Un vitrail du chœur. | L'autel. |
Côté gauche du chœur. | Piscine. | Statue de saint Pierre Chanel (en savoir plus sur saint Pierre Chanel). |
Statue de saint Joseph (en savoir plus sur saint Joseph). |
Le XVIIIe siècle fut une période plus paisible que les deux siècles précédents. Les moines qui vivaient encore dans ce prieuré eurent à cœur d’embellir l’église en ajoutant des boiseries : stalles et chaire dont les décorations, très sobres, ont été martelées par les révolutionnaires.
À la fin du XIXe siècle, Jean Scohy, habitant puis maire de Villette, professeur à l’école des Beaux-Arts de Lyon, mit sa palette au service de l’église pour peindre les arcs et orner l’édifice par de nombreux tableaux (huiles sur toile).
La peinture de l’Assomption réalisée par Jean Scohy sur le mur nord du chœur est datée de 1878. |
La Samaritaine. | La Nativité. |
Tronçon d’une colonne romaine qui devait dépasser 4 mètres de hauteur. |
l'Ascension. |
L'Annonciation. | L'apparition du Christ à Marie Madeleine. |
Tronçon d’une colonne romaine qui devait dépasser 4 mètres de hauteur. |
L'existence de deux tronçons d'une colonne romaine a donné l’idée de faire des fouilles archéologiques en 1994 et 1996 pour essayer de retrouver d’autres vestiges. Aucun autre élément romain n’a été retrouvé, à l’exception de pièces indiquant une occupation humaine dès cette époque. Villette vient peut-être de villa. Ces éléments proviennent peut-être de constructions situées dans la plaine de l’Ain. Cette voie fréquentée à l'époque, recèle de nombreux vestiges encore insuffisamment fouillés. De nombreuses églises dédiées à saint Martin détiennent des vestiges d’anciens lieux de culte païens que saint Martin, moine soldat zélé, avait christianisé.
Des éléments de décoration en os, datés de l’époque mérovingienne, ont été trouvés.
La chapelle de Sainte-Catherine et Saint-Jean-Baptiste est dédiée à Notre-Dame du Rosaire. Elle a été construite au XIVe siècle par les seigneurs de Bronna du Vernay (Gravagneux). Elle a sans doute été fortement remaniée au XIXe siècle. Il est probable que la statue ait été réalisée au début du XXe siècle.
Chapelle Sainte-Catherine. | Autel de la chapelle Sainte-Catherine. | Statue de Notre-Dame du Rosaire. |
Plafond de la chapelle Sainte-Catherine. |
Cette chapelle a été construite par la famille de Belvey.
Le chemin de croix réalisé par Brigitte Balon fut inauguré en 2012. | Cette toile de Jean Scohy, datée de 1863, représente saint Antoine le Grand priant dans le désert. Ce saint lutta contre les démons. Des malades furent guéris par son intercession. Il fut souvent invoqué par les paysans en proie au "mal des ardents" dû à l'ergot de seigle. (en savoir plus sur saint Antoine le Grand) |
Statue d'un moine. |
Sur le livre que tient le moine est écrit : « La mort, l'hérésie, les calamités, le démon, les épidémies, s'enfuient. Les malades se relèvent en bonne santé. ». Ces événements décrits sont ceux qui se produisaient en présence de saint Antoine le Grand ou saint Antoine du Désert, appelé aussi saint Antoine d'Égypte.
Parler de saint Antoine fait penser à saint Antoine de Padoue (en savoir plus sur saint Antoine de Padoue) mais la chapelle est dédiée à saint Antoine le Grand appelé le "père des moines" (en savoir plus sur saint Antoine le Grand).
La barbe, le bâton des ermites en forme de T, et la clochette sont des attributs caractéristiques de ce saint. Souvent saint Antoine le Grand est représenté accompagné d'un cochon : l’ancien Ordre hospitalier des « Antonins » élevait des cochons parce que la graisse de ces animaux était utilisée pour soigner les malades frappés d’ergotisme. Cette maladie fut ensuite appelée « le feu de Saint Antoine ».
Chapelle Notre-Dame-de-la-Pitié. |
Peintures murales de la Chapelle. Les difficultés de la restauration d’un édifice apparaissent ici : les peintures datent d'époques différentes. |
Tableau représentant saint Matthieu. | Tableau représentant saint Marc. | Tableau représentant saint Luc. | Tableau représentant saint Jean. |
Nef latérale sud. |
Bas-relief sculpté par Gérard Rellet représentant saint Martin (en savoir plus sur saint Martin). L’absence d'une évocation de ce saint était insolite dans ce sanctuaire qui lui est dédié. | Autel du Sacré-Cœur. | Statue du Sacré-Cœur. |
La chaire. |
Le baptistère. | Le baptistère pour les enfants mort nés dédié au "signe du répit". |
Confessionnal. |
Au XVe siècle, la pratique de la religion est devenue plus individualiste et les seigneurs locaux ont voulu bénéficier de messes particulières dans les chapelles qu’ils ont fait construire avec l’objectif de se faire enterrer dans ces lieux qui leur permettaient de profiter de la liturgie pour le salut de leur âme dans l’au-delà.
Samuel Guichenon écrivit dans Histoire de Bresse et de Bugey : « Il y a grande apparence que les seigneurs de Richemont soient les fondateurs du Prieuré de Villette, puis que la garde leur en appartient, ainsi que j'ai vu par titres ; il est de l'ordre de Cluny à simple tonsure, dépend de la nomination du prieur, et du monastère de Nantua, le vocable est de S. Martin. Il est en la paroisse de Villette dans la terre de Richemont. Il en est parlé comme d'une dépendance de Nantua, en la Bulle du Pape Eugène III de l'an 1145. Je n'ai rencontré de prieurs de Villette, que ceux-ci :
Il est écrit dans TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU DEPARTEMENT DE L'AIN :
BRONNA, commune de Villette.
Fief possédé, vers le milieu du XIIIe siècle, par des gentilshommes qui en portaient le nom. Depuis Aimé de Bronna, vivant en 1280, ce fief resta toujours uni à celui du Vernay.
GRAVAGNIEU, hameau de Villette. Mansus de Grivignieu, Gravagneux, Gravagnieux.
Petit fief avec château possédé, en 1789, par le baron de Belvey. Vers 1250, Béatrix de Thoire confirma à l'abbaye de Chassagne le don que lui avait fait Pétronille de Gravagnieu, d'un mas situé dans ce hameau.MOUTONNIÈRE (la), hameau de Villette.
Fief sans justice, possédé en 1430 par Jean de la Fontaine dont les héritiers le vendirent vers 1470 à Claude, père d'Amé de Gramont. Celui-ci institua pour son héritière, par son testament du 4 juin 1521, Philippine de Martignat, son épouse, qui aliéna la Moutonnière vers 1538, en faveur d'Henri de Romanet, écuyer. Gaspard de Romanet, un de ses descendants, la vendit en 1624 à Jean-Philibert de Chabeu, seigneur de Bécerel, qui l'a céda peu après en 1630 à Marc-Marie de Riccé, seigneur de Cornaton, lequel en fit rebâtir le château. Claudine de Blancheville, veuve de Charles-Emmanuel de Riccé, se la fit adjuger pour ses reprises dotales. Elle en donna le dénombrement, en 1673, et la transmit à la famille de Tricaud, de laquelle cette terre passa, par voie d'alliance, vers 1720, à celle d'Aubarède, puis, vers 1769, à celle de Balan d'Augustebourg qui la conserva jusqu'à la Révolution.
RICHEMONT, commune de Villette. Dives Mons ; domus Richimontis.
Seigneurie en toute justice possédée originairement par les seigneurs de la Palud. Girard de la Palud, chevalier, en fit bâtir le château vers la fin du XIIIe siècle. Ce Girard fut le père du célèbre Pierre de la Palud, patriarche de Jérusalem. Sibille, fille de Jean de la Palud et petite-fille de Girard, porta Richemont en dot, d'abord à Jean, seigneur de Chandieu, en Dauphiné, puis, vers 1370, à Henri de Varax, son second mari. En 1477, Richemont retourna de la famille de Varax en celle de la Palud, par le mariage de Gilberte, comtesse de Varax, avec Hugues de la Palud, seigneur de Châtillon et de Saint-Maurice. Jean-Philibert de la Palud, son fils, mourant sans enfant en 1527, le transmit à Jean de la Palud, seigneur de Jarnosse, son cousin. Celui-ci ne laissa que des filles, dont hérita Claudine de Rie, leur mère, qui, faisant ériger Varambon en marquisat, en 1576, y annexa la seigneurie de Richemont, qu'elle donna quelques années après, avec toutes les autres terres de la maison de la Palud, à Marc de Rie, son neveu. En 1604, Richemont fut engagé en partie, pour quelques années, à Edme Malain, baron de Lux. Il resta dans la famille de Rie jusqu'à Ferdinand, fils de François de Rie et petit fils de Marc, qui le vendit en titre de baronnie, le 3 juin 1655, à Pierre Perrachon de Lyon, dont les descendants l'aliénèrent, le 20 mars 1756, à Jean-François Balland d'Augustebourg, écuyer. Il était encore dans cette dernière famille en 1789.
Le château de Richemont, restauré par les soins de Mme de Belvey, est un des plus beaux de la Bresse. En 1593, il avait été fort endommagé par les troupes de Biron, qui avaient ruiné et dépeuplé le village. En 1603, « il n'y resloit qu'une douzaine d'habitants misérables. »
C'est dans le château de Richemont que naquit, le 19 janvier 1773, Louis-Gabriel Michaud, écrivain, imprimeur, libraire. Son frère Joseph, l'auteur du Printemps d'un Proscrit et de l'Histoire des Croisades, y fut élevé.
VERNEY (le), commune de Villette. Le Vernay.
Seigneurie avec moyenne et basse justice possédée, en 1280, par Aymé de Bronna, chevalier. Par son testament du 5 août 1441, Béatrix de Bronna le laissa à Aymar, son fils, qui transigea, le 12 février 1494, avec Hugues de La Palud, comte de Varax, au sujet de la justice. Dans leur transaction, il fut convenu que le seigneur de Verney aurait, à l'avenir, la moyenne et la basse justice, et que la haute, ainsi que l'hommage, demeurerait au comte de Varax, comme seigneur de Richemont. Cet Aymar de Bronna ne laissa qu'une fille, Antoinette, qui porta le Verney en mariage à Guillaume de Saint-Trivier, seigneur de Chazelles. Pierre de Saint-Trivier, chevalier, leur héritier, le remit, en 1530, en échange des terres de Beseneins et de Colonges, à Claude de Châteauvieux, qui le vendit a Humbert de Grillet, écuyer. Humbert de Grillet laissa le Verney à Humbert du Puget, seigneur de la Rue, fils de François du Pugel et de Jeanne de Grillet, sa fille, à la charge de porter le nom et les armes de Grillet. Gaspard de Puget, petit-fils d'Humbert, remplaça l'ancienne maison-forte du Verney par un beau château et vendit toute sa terre, le 6 mars 1647, à Pierre de Brosses, conseiller et maître-d'hôtel en Lyonnais.
Le Verney fut acquis, en 1731, par Claude Cizeron, banquier à Lyon. Au moment de la Révolution, il appartenait à la famille de Ballan d'Augustelourg. Le château a été rasé en 1793.
VILLETTE, commune du canton de Chalamont. Villela juxta Ambroniacum, Vileta, Villeta, Vilette, Villette-en-Bresse, Villette-de-Loyes.
Paroisse sous le vocable de saint Martin, jadis à la collation des prieurs de Nantua, qui en reçurent confirmation, en 1145, du pape Eugène III.
Cette paroisse doit son origine au prieuré de leur ordre, que les religieux de Nantua possédaient. Les revenus de ce prieuré consistaient dans les quatre cinquièmes des dîmes. L'autre cinquième était dévolu, pour son entretien, au curé, avec le produit d'une terre et d'un pré. [...]
L'église de Villette était, aux derniers siècles, à la fois prieurale et paroissiale. Par son testament, daté d'avril 1298, Pierre de Loyes, chevalier, demanda à y être inhumé,
Les religieux de Chassagne possédaient à Villette quelques droits, qui leur avaient été concédés par les dames de Lent, et qui leur furent confirmés en 1230 par Hugues de Morestel. Au point de vue de la justice seigneuriale, Villette était divisé en Villette de Loyes et Villette de Richemont. Une partie dépendait de la baronnie de Loyes, l'autre de la terre de Richemont. En 1243, Guillaume de La Palud, prévôt de Fourvières, légua à Gui, son neveu, depuis archidiacre de Lyon, tout ce qu'il avait à Villette. Ce dernier reconnut le tenir, en 1255, avec la garde du prieuré, du fief de Guichard V, sire de Beaujeu. Cette reconnaissance fut renouvelée en 1275 par Girard de la Palud, seigneur de Richemont.